vendredi 12 septembre 2014

This is Russia, Bitch!

Partis à 23h59 le 15 aout, nous passâmes le poste Frontière le 16, à un peu plus de 4h00 du matin. Après l'obtention de notre tampon d'entrée, Nausicaa se rendormant sitôt s'etre rassise dans le bus, je pus savourer un bien singulier cadeau d'anniversaire de la fenêtre du bus: le lever du soleil sur les plaines russes embrumées, écoutant les choeurs de l'Armée Rouge, avant de m'endormir du sommeil du juste. Nous étions en Russie.

Saint-Pétersbourg Mon Amour


Nous sommes arrivés vers 8h du matin à Saint-Pétersbourg, nous sommes descendu du bus à une gare qui n'était pas forcément la nôtre mais le chauffeur de bus nous dit qu'il "n'en n'avait rien à foutre de là ou on quittait le bus". Le rituel de consignation des sacs passé, nous nous sommes dirigé vers la perspective Nevsky, c'est un peu leurs Champs-Élysée à eux sauf que c'est vachement plus grand (dans tout les sens du terme : plus long, plus large, plus haut et plus beau aussi).
Happy Birthday Andy
Pour l'anniv' d'Andy nous avions réservé avant de partir  une chambre dans un petit hostel sympa, mais qui faisait bien cheap après tout ces 3 étoiles. La réceptionniste étant aussi molle que son homologue hambourgeois, on s'est dit qu'on allait les présenter. Mais un autre dilemme me tarabustait l'esprit : qu'offrir à Andy ? Un Mug Lénine? Un service à café CCCP ? un manteau de spetnaz ? un buste en porcelaine à l'effigie de Trotsky ou de Staline ? Ah c'est sur il y a du choix, et tout ça le rendrait super heureux, sauf qu'il faut porter tout ça après, et c'est pas super utile en voyage... Après quelque recherche sur Trip Advisor, on se dit qu'un restau typiquement russe fera l'affaire. The Idiot, nous a proposer une excellente cuisine traditionnelle, du Côtes du Rhône bien de chez nous ( bien meilleur que le vin géorgien ) et de la super vodka le tout à un prix très correct. Il est un peu plus de minuit et c'est un peu ivre que nous retournons à l'hôtel quand soudain nous croisons 3 jeunes filles à cheval en plein centre ville. Je les regarde les yeux plein de jalousie quand surgit une quatrième cavalière au grand galop dans les perspectives (oui c'est comme ça qu'on appelle les rues en Russie et je trouve ça super poétique), ça restera un de mes plus jolie souvenir de voyage.

C'est bien tard et la tete un peu lourde que nous nous éveillons. Il faut vite refaire les sacs, et partir vers notre nouvel hostel qui nous réserve bien des surprise.  Trouver cet hôtel avait l'air facile sur le papier et sur google maps aussi... sauf que là sur place il n'y a rien à part un salon d’esthétique qui n'ont jamais  entendu parler d'"hôtel capsule".. J'utilise ma carte joker préférée, celle ou il y a écrit "demande à un passant" : Et j'ai fait bonne pioche, on est tomber sur un jeune homme très gentil et très patient qui à appeler la réception et nous accompagné jusque devant la porte (bon c’était dans la cours à droite mais personne pouvait le savoir, hein). Arrivés au bon étage (les hostels en Russie son souvent de grand appartement aménagé) une jeune fill
e souriante nous tend une paire de chausson, nous comprenons qu'il faut les enfilés. Elle nous fait visiter l'appartement, dans une logorrhée ininterrompue en russe jusqu’à ce que je puisse en placer une : "we don't speak russian", elle me regarde d'un air interrogatif et elle reprend de plus belle toujours aussi souriante et russe.
Au bout de quelque essaie on parviens a lui décrocher quelque mots d'anglais, elle en sait assez pour qu'on puisse se comprendre devant une tasse de thé bien chaude.
On ne prend jamais les statue de ce coté là, c'est bizarre non ?
Sinon notre chambre et bien une capsule de cosmonaute où il y a tout juste assez d'espace pour dormir à 2 et mettre les sacs sous le lit. Les travaux ne sont pas fini mais l’hôtel affiche complet parce que c'est pas cher et qu'en plus ils offrent le petit dej, le repas du soir et la visite de la ville (où les ponts se lèvent comme dans Inception) accompagnée du créateur déjanté de cet endroit d'inspiration cosmogonique (on sais pas ce que ça veux dire mais il à  bien insisté là dessus) avec deux chats et un escargot domestique.
Les chambres étant minuscules, les habitants se retrouve dans la salle commune pour partager les repas. D’ailleurs c'est au cours du repas du 2eme soir que Costia, le créateur fou, me dit au détour de la conversation qu'il connait les membres de Little Big (un groupe russe que nous apprécions) qui jouent le soir même à Paris (nous étions un peu déçus de ne pas pouvoir les voir jouer dans leurs ville d'origine). Mais la petite Anna qui à quitté le groupe est chez elle, et que si on veux on peux aller la voir le lendemain. Évidement nous sautons sur cette occasion inespérée. Nous passons donc
Chez Anna avec son chien Pas
l’après midi dans sa cuisine à boire du thé et du vin en communiquant avec google trad et le mime (c'est facile avec une mime de formation). Elle est très heureuse de nous recevoir, elle n'a pas pu aller à Paris mais Paris viens à elle. Elle nous parle de son univers, nous montre son atelier pour elle dessine et peint, son salon de tatouage et plein d'autre chose. D’ailleurs pour nous remercier d’être passé, elle me propose un nouveau tatoo. Je suis un peu submergée d’émotion, oui c'est pas mon genre de faire des tatoo sur des coup de tête, mais là impossible de refuser (heureusement que j'ai toujours des projet de tatoo en tête). Andrew le tatoueur qui travaillait à ce moment là m'a encrée une belle tête de vache du Wacken.

Le lendemain nous discutons avec la jeune Rita et son mari Viktor (oui on se marie jeune en Russie), on lui raconte qu'on voyage et qu'on va prendre le transsibérien, ni une ni deux, elle dit qu'elle serait ravi de nous recevoir chez elle à Oufa dans la République de Bachkirie en plein milieu de la Russie. Nous sautons encore une fois sur l'occasion tel des explorateurs de nouveau horizons.

Moskaw, c'est trop ! (ou la quête d'un lit)


transsibérien 3ème Classe
Nous nous rendons à Moscou par le train, le stop n'ayant pas marché (on était pas super bien placés je pense). Avant de monter, il faut montrer son billet et son passeport à la chef de wagon qui nous cri dessus en russe parce qu’elle ne comprend rien a nos papiers jusqu’à ce qu'elle lâche " NUMBER OF DOCUMENT!!!". on lui montre notre numéro de passeport et ele nous laisse monter dans le wagon couchette. On se retrouve en face d'un couple qui déménage avec plus de bagages que ce qu'on à laissé
derrière nous à paris. On prend un matelas pour s'assoir dessus, et là le cerbère de la porte râle encore très fort, on ne comprend évidement toujours rien, nos voisins nous traduisent dans un anglais approximatif qu'on a pas payé pour la literie donc on à pas le droit de s'assoir dessus. Du coup, on rend à la dame son bouzin en coton dégueulasse. Et c'est parti pour 10h, ça va être gai...
Sinon dans les trains russes il y a un truc génial qui peux m'occuper très longtemps, un Samovar, c'est un genre de bouilloire perpétuelle, une source intarissable d'eau chaude pour se préparer thé, café ou des nouilles lyophilisées.
Le Fameux Samovar
Nous avons pu passer le reste du voyage gentiment, notre cerbère s'étant détendue, même si notre literie emmerdait tout le monde parce qu’il n'y avais nul part où la ranger.

Arrivés sur place dans la soirée, nous comptions aller à la soirée Couchsurfing, mais nous nous pointons un peu trop tard et tout le monde est parti. Nous partons en quête d'un hôtel repéré sur internet que nous ne trouverons jamais. On se retrouve à deux heures du matin devant la porte d'un autre hôtel, on réveille la taulière qui nous demande ce qu'on fout là sans comprendre ce que doivent bien vouloir deux voyageurs la nuit dans un hôtel. Grâce à google trad (super pratique en Russie) on lui expose notre demande. Elle nous dégotte enfin une chambre d'enfant à prix d'or... en se couchant on sait qu'on ne va pas rester là les 4 jours.
Nous consacrons notre deuxième jour à trouver un meilleurs endroit pour dormir. On réserve dans un hostel qui à l'air sympa, pas cher, dans un quartier jeune et branché (oui hipster si vous voulez). Arrivez là, il on eu un groupe qui est arrivé et il n’ont plus notre chambre, mais ils on appeler un autre lieu ou c'est le même prix et il nous on commandé un taxi pour nous y rendre. Ce genre de déconvenue nous étant déjà arrivé à Saint-Pétersbourg, nous ne nous inquiétions pas et on s'impatiente de savoir à quel point nous serons surclassés cette fois-ci. Sauf que, au final, le taxi est à notre charge, que la chambre est plus petite que prévu et qu'elle vaut le double et qu'elle se trouve dans un quartier excentré. Après une petite gueulante, nous acceptions fatigués la chambre donnant sur le bar (ou il aiment particulièrement l'eurodance).
Donc nous devons encore passer une journée à chercher un hôtel, ou on nous refait le même coup une seconde fois, nous refusons, une 3eme fois et enfin une 4eme fois ou j'explose de rage, parce que pour être polie y'en à plein le cul de leurs conneries. La réceptionniste nous laisse sa chambre, dans l’état, c'est crade et cher mais nous n'en pouvons plus. Nous allons enfin pouvoir visiter la ville.
Nous décidons de nous lever très très tôt pour voir la place rouge déserte (Nathalie tout ça). Effectivement
St Cyril sur la place rouge
y'avait personne, mais la place était encombrée par des gradins pour les défilés militaires prévus début septembre. Nous nous rabattons vers les jardins du Kremlin qui sont très jolis.
Vers 10h on à pu allez saluer Lénine, enfin plutôt sa momie en plastique, avec de nombreux touristes chinois qui se sont fait arnaquer en achetant des collections de timbre. Ensuite, nous sommes aller visiter le musée d'état qui retrace l’histoire du pays depuis le néolithique à nos jours en réussissant l’exploit de ne pas parler de la période communiste. Nous avons fini la journée par le Zoum, une galerie marchande de luxe  qui rappelle le passage Choiseul à Paris mais en beaucoup plus grand.
Nous tentons notre chance à une deuxième soirée Couchsurfing, mais le fait d’être en couple nous dessert vachement, être deux filles à l'air de beaucoup mieux marcher. Nous avons néanmoins pasé une bonne soirée en plusieurs langues et plusieurs bières.
Il est déjà temps de prendre le transsibérien pour une 30aine d'heures, Il faudra revenir à Moscou parce que là, c'est raté...

Oufa, c'est Ouf


De retour dans le transsibérien, où nous devons cette fois passer une nuit (mais nous avons réservé et payé nos matelas, cette fois-ci), nous avons voyagé en compagnie de trois babouchkas avec qui nous avons partagé thé et graines de tournesol, avec des cheftaines de wagons bien moins arides quoique goguenardes.
Rita nous accueillit à la sortie du train et après un repas, nous avons visité Ufa by night, vu la statue de Salavat Yulayev, leur héros national, appris que le symbole de leur ville était une martre, avons flâné dans les parcs le long du fleuve et admiré la vue sur la cité de nuit. Puis, Rita et Viktor nous ont emmenés chez German, un grand amateur de thé chez qui nous avons fait une dégustation de Long Jing accompagné de miel de la région.
Andy est très volubile avec German
Le lendemain, nous nous somme rendus dans une école où une amie du couple, Marina, donnait une leçon de poterie. après avoir modelé un pot, puis façonné de magnifiques chevaux, nous avons été conviés, tels des ministres, à visiter l'école et son musée, la pauvre Marina affamée devant faire la traduction en anglais. Après le musée, ce fut le tour de la professeur d'art plastique de nous faire visiter sa classe (d'un très bon niveau!), et bien que nous nous sentions comme des stars, nous avons commencé à nous demander quand ça finirait. Alors que nous avions enfin franchi le seuil, nous fûmes une fois de plus interpellés, par la professeur d'anglais cette fois-ci, qui parlait un français parfait et m'a imploré, le regard humide et plein d'espoir: "dis-moi quelque chose!". Il s'avérait qu'elle n'avait pas pu parler français depuis la fin de ses études car jamais aucun français ne semble se rendre à Ufa.
La master Class poterie avec Marina et Rita
Nous avons déjeuné vers 17h, dans un restaurant halal (la première religion de la Bachkirie est musulmane, moi qui pensait qu'en Russie, tout le monde était orthodoxe, j'ai du revoir ma géopolitique), avant de partir en quête des ingrédients pour préparer à nos hôtes une blanquette de veau au poulet, puisque notre recherche de "baby of the cow" resta vaine.
Moi cuisinant, tandis que Nausicaa apprenait à Rita des rudiments de Français tels que "Merci, de rien, tout le plaisir est pour moi", ou encore "excusez-moi, où est la tour Eiffel?", nous avons finalement pu déguster notre blanquette, rejoints par German.
Après le repas, German apprit à Nausicaa la préparation du Maté que nous avons partagé au cours d'une mémorable soirée où je me vis offrir un chapeau Haj d'une splendeur mirobolante, tandis que Nausicaa a eu en cadeau la calebasse à Maté en échange de la promesse d'envoyer à German une photo à chaque fois qu'on s'en sert (German, si tu nous lis, nous ne t'avons pas oublié, nous n'avons juste pas encore de maté!)
Le lendemain, je fus invité par Viktor au Banya, ou des hommes nus, trempés de sueur, se fouettent avec des feuilles aromatiques dans la moiteur des saunas russes. La marche à suivre pour le Banya est la suivante: Viktor a fait infuser son bouquet de feuilles aromatiques dans un baquet d'au chaude, pendant que nous avons alterné sauna, puis eau froide (il y avait aussi un jaccuzzi, mais cela n'a rien de traditionnel), plusieurs fois, avant que Viktor n'amène enfin le bouquet dans le sauna, avec lequel il me battit le dessous des pieds, les jambes, les fesses, le dos, et le ventre, alors que les arômes embaumaient diffusaient leur odeur et vivifiaient ma peau. Aussi fou que ça puisse paraître, ça détend. Ensuite on s'asperge une fois de plus d'eau froide, avant de s'arroser de l'eau dans lequel le bouquet aromatique a trempé. Après ça, une collation et une vodka remettent les idées en place et j'ai pu retrouver Nausicaa et Rita (qui de leur côté ont été visiter une mosquée). Rita, dont c'était l'anniversaire ce jour, nous offrit une part de gâteau avant qu'ils ne nous ramènent vers le train pour Irkoutsk. Après nos déboires moscovites, être reçu par des amis nous a réchauffé le cœur. Ils nous manqueront, mais nous espérons bien les croiser de nouveau un jour, peut-être en France.

Irkoutsk, la ville dont rien ne rime en outsk


C'est trois jours de train qui sont désormais devant nous, et ayant réservé au dernier moment, nous avons chacun une couchette à un bout du wagon. Nausicaa est au centre (car c'est bien connu, le centre est un bout), à coté d'une babouchka austère de prime abord, mais finalement sympathique (elle lui a offert des tomates trop mûres). Quant à moi, j'étais au fond à gauche, accompagné de deux types dont j'ai passé deux jours à me demander ce qu'ils me voulaient, a me montrer leur gorge du pouce. Le troisième soir, je compris, ils picolaient et souhaitaient que je me joigne à eux. Plus exactement, je n'ai pas vraiment eu le choix, après m'avoir fait signe de m'asseoir, ils me remplirent un godet de cognac Ouzbèke. Le langage des hommes qui boivent étant universel, j'ai pu comprendre qu'ils s'appelaient Dimitri et Sergeï, et qu'ils pensaient que les français ne tenaient pas l'alcool. J'ai évité de les contredire, après tout, ils avaient au moins une bouteille d'avance sur moi, et moi, si j'appréciais de boire un verre, je n'avais pas spécialement envie de m'arracher la gorge avec une liqueur douteuse (j'ai malgré tout été resservi plusieurs fois, "niet" n'étant manifestement pas une option).
Les français, ça boit peut-être peu et ça ne tient peut-être pas très bien le cognac, mais ça ne vomit pas partout sur sa couchette en pleine nuit, et du coup ça n'a pas besoin de s'exiler, loqueteux, vers une autre couchette libre. Je pense que c'est ce que nous appelons chez nous l'expression du bon goût, et ce qui nous permet d'avoir la côte auprès des gonzesse de par le monde. Mais je peux me tromper.
Le lendemain, c'est un Sergeï tout détendu qui fût ravi de nous montrer de la fenêtre du train que la tour qui est sur le billet de 10 roubles venait de sa ville. Il me donna le billet en souvenir aussi.

Nous arrivâmes donc à Irkoutsk, ville connue de par le monde pour son orthographe improbable, et pour être un rendez-vous de voyageurs désireux de voir le lac Baïkal. Nous étions logés dans un petit hôtel près du marché, avec vue sur la basse-cour. Dire que nous étions au cœur d'un quartier vivant est un euphémisme, puisqu'il s'agissait d'un hôtel de passe. On entendait les poules la nuit, et le coq au matin. Mais malgré tout c'était très propre et peu onéreux
Bête bizarre brabra dent en sable.
. La ville est dotée d'un musée du thé, composé de deux petites salles, mais dans lequel on peut apprendre que la ville se trouvait sur la route nord du thé et disposait d'une usine d'emballage. Nous avons diné dans un restaurant qui faisait croire que du fromage et des lardons sur des frites, ça faisait un plat japonais, nous avons visité le marché fort bien achalandé, apprécié le look des enfants à la rentrée des classe, garçons en costume, filles en tailleur avec pompons dans les cheveux (la théorie de Nausicaa est que les filles ayant les plus gros pompons sont celle qui ont été punies pour leur mauvais résultats), recherché des enveloppes (une quête épique que je ne vous raconterai pas rien que pour vous frustrer), j'ai mangé un poisson séché dans un bar et c'est très bon (le goût du jambon fumé, sans le goût du jambon), et aussi un chausson à la choucroute. Non, franchement, Irkoutsk, c'est des aventures à n'en plus finir.

Et puis nous avons pris le bus vers lac Baïkal.

Baïkal, ça fait pas d'mal


La route menant sur l'île d'Olkhon sur le lac Baïkal s'effectue en minibus et est de toute beauté, traversant la toundra et les steppes. C'est d'ailleurs à ce moment-là que la route cesse d'être, nous abandonnant d'abord à un ferry, puis aux cahots incessants des pistes rocailleuses. Autant la route est belle et enchanteresse, autant l’arrivée au lac laisse sans voix. Des étendues bleues, baignées de soleil, aux couleurs changeantes, une eau d'une clarté presque surnaturelle, une chatoyance de tous les instants, des goélands comme s'il en pleuvait, régalaient nos yeux éberlués, nous laissant esbaudis, époustouflés devant tant de mirrificience appelant simultanément aux superlatifs les plus biscornus autant qu'au lyrisme le plus dégoulinant.
C'est beau, hein ?
Histoire d'être un peu technique et de recopier le guide, situé en Sibérie, le lac Baïkal est entouré d'une réserve naturelle à l'ouest, d'une réserve naturelle à l'est, et l'île où nous nous trouvions est quasi intégralement une réserve naturelle elle-même. L'eau du lac est saturée en oxygène, l'air est le plus pur du monde (d'ailleurs l'eau aussi), au point qu'on peut, non seulement boire l'eau du lac, mais aussi, avec le recul, se demander si le sentiment d'euphorie ressenti là-bas n'est pas simplement lié à une banale défonce à l'O2, ce qui ferait de nous de simples junkies, ce qui serait décevant, surtout pour nos familles qui pensent que nous sommes des jeunes bien sous tout rapport.
Il nous a fallu deux jours pour explorer l'île, en deux excursions, l'une passant en van à travers la Toundra pour atteindre la pointe nord, ou c'est joli, et l'autre traversant en van la steppe rocheuse vers le sud, ou c'est joli aussi. Nous avons du insister pour pouvoir faire l'excursion vers le sud, peu populaire à priori, mais que nous avons finalement trouvé plus intéressante, avec ses grandes plaines rocailleuses, ses flancs rocheux que ma dulcinée grimpait pieds nus, inconsciente du danger que constituaient les criquets tapis pernicieusement
ça aussi c'est beau.
dans les mottes d'herbe, ses cairns chamaniques, et ce mur mystérieux érigé il y a plus de 1000 ans sans que personne ne connaisse son utilité (ma théorie est qu'un culte à un grand ancien a jadis été sur cette île, aujourd'hui oublié de tous sauf d'une secte secrète d'autochtones qui se réunissent de temps à autres pour sacrifier des mouettes à la gloire de leur dieu impie).





Pour le reste, on peut dire que si Amélie Nothomb a le lyrisme mégalomane, le lac Baïkal, lui, rend humble. Et immortel si on se baigne dedans (à ce sujet, si quelqu'un parmi vous avait pour plan secret de nous occire, nous sommes au regret de lui annoncer que ça va être vachement plus dur, maintenant).

Nous sommes retournés à Irkoutsk pour une nuit, avant de nous rendre à la gare au petit matin dans la brume et par une température flirtant avec le 0. L'hiver arrive vite en Sibérie, et il est temps pour nous de partir vers Ulan Ude, dernière étape russe avant notre entrée en Mongolie. C'est du train que j'écris ces quelques lignes, avec encore au coin de l’œil le Lac azuré qui nous accompagne encore pour quelques kilomètres de la fenêtre du wagon, et qu'il est temps cette fois de quitter pour de  bon vers de nouvelles aventures trépidantes et probablement mirifiques.

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